Il y a 3 semaines, j'étais à Zonnemaire. Vent médium, tout le monde est au minimum en 7.5 et navigue principalement le long de la digue à droite de la mise à l'eau.
Etant plus lourd, je préfère aller du côté des digues au large où le vent est mieux établi.
D'autres m'y rejoindront un peu plus tard, mais pas pour bien longtemps car le vent commence à diminuer légèrement, ce qui était annoncé.
Je rentre vite car sur la Gun 115, revenir au point de départ qui est franchement au vent peut vite devenir galère avec mes 100kg tout nu...
Les autres rentrent 10 minutes plus tard.
Pas rassasié, je monte vite la 8.5 et sors la Gun 150 de sa housse. Ca repart direct au planning et je fonce à nouveau vers les digues au large, qui se situent entre 2 et 4 km de la mise à l'eau.
Hompelvoet où je vais virer est à 5km.
Une 1/2 heure bien sympa. Je refais un dernier long bord grand largue au planning entre Hompelvoet et l'île de Veermansplaat... Et là, pas de chance le vent diminue d'un coup vers les 7-8nds.
Je suis à 1.5km sous le vent de la mise à l'eau. le soleil commence à décliner. Pour rentrer, pas d'autre choix que de faire au minimum 2 longs bords de "près" en repartant vers les digues au large où j'espère un rien plus d'air.
Ceci dit, pas de panique vu que la Gun 150 flotte très bien et remonte "correctement" au vent en non planning même avec l'aileron de 37.5cm que je lui ai mis, ceci grâce aux 280cm de long du flotteur...
Bref, lorsque je suis au plus loin de mon premier bord de près, je suis devenu "invisible" pour ceux qui étaient encore sur le parking.
Et là, un groupe de 3 presonnes s'en sont inquiétées et ont téléphoné au KNRM (sauveteurs hollandais) d'Ouddorp pour les prévenir qu'ils auraient peut-être à intervenir...
Finalement je suis réaparu dans leur champ de vision après une petite demie-heure et 1/4 h plus tard, j'étais sur le parking.
Les sauveteurs étaient prévenus qu'ils pouvaient rester au chaud.
A mon arrivée, Patrick est venu me demander si tout allait bien et j'avoue avoir été surpris car je ne me suis jamais senti en danger.
Je lui ai dit que sur cette planche de 150L il n'y avait aucun risque que je n'arrive pas à rentrer (sauf casse... ), même si ça pouvait prendre un temps certain : 45 minutes pour 2 bords dans ce cas ci.
L'autre raison pour laquelle, malgré le coucher de soleil iminent, je n'avais pas de raison de stresser, c'est que je navigue depuis quelques années avec un GSM étanche ainsi qu'une petite VHF marine selon le spot où je me trouve, afin d'être en mesure d'appeler les secours en cas de problème.
Un sifflet de secours (audible à plusieurs centaines de m) est aussi dans le gilet. En cas de perte du matériel et qu'on a plus que la tête qui sort de l'eau, ça peut permettre d'être repéré plus facilement par les sauveteurs.
Ceci dit, je l'ai aussitôt remercié, tout comme Marie-Paule, Koen de s'être inquiété pour moi.
C'est rassurant de savoir qu'on peut compter sur d'autres windsurfers.
Une autre annecdote, quelques semaines plus tôt, toujours à Zonnemaire, là ça soufflait sérieusement et seuls 2 gars sont allés naviguer du côté des digues au large.
Le premier n'est autre que Dennis Klaaijsen (recordman de distance avec 720km en 24h + une traversée Angleterre - Pays-Bas de 192km à son palmarès) et le second qui l'accompagnait a quelques titres de champion de Belgique en slalom au début des années 2000...
Bref, au moment où je me mettais à l'eau, le second rentrait pour se ravitailler un peu, puis il est resté avec tous les autres le long de la digue à droite de la mise à l'eau, où ça soufflait déjà bien fort.
Personne ne s'inquiétait de ne pas voir revenir Dennis, vu qu'il est un habitué des sessions de speed hardcores en alignant généralement en plus que des distances à 3 chiffres.
Ne voyant plus sa voile au loin, je pensais même qu'il avait poussé le vice jusqu'à se rendre au spot de Ouddorp Haven à quelques km au Nord...
Sauf que peu de temps plus tard, on a vu le service de secours le ramener : sa JP Speed s'étant cassée en 2 en plein run à près de 40nds !!!
Heureusement sans blessure, il a pu appeler les secours car il est toujours équipé d'un téléphone étanche et d'une balise de détresse AIS.
Il a fallu 20 minutes pour que les secours arrivent.
C'était en septembre et l'eau était encore chaude. 20 minutes dans une eau à 6° en début de saison, c'est déjà moins agréable.
Je n'ai pas eu l'occasion de lui demander s'il avait déclenché la balise pour pouvoir être localisé.
Mais qu'un gars aussi expérimenté, avec une condition physique hors norme ait choisi de s'équiper d'une balise, ça m'amène à y réfléchir de plus en plus, surtout en cas de gamelle sévère où une blessure avec une éventuelle une perte de matos pourraient survenir et où commencer à utiliser un GSM ou une VHF deviendrait peut-être compliqué...